L'aile québécoise du Parti libéral du Canada souhaite forcer sa formation politique à faire élire d'ici trois élections autant de femmes que d'hommes à la Chambre des communes, et même un peu plus. Le PLC-Q a dévoilé les 37 résolutions que les militants québécois débattront dans 10 jours à Montréal en vue du grand congrès à la chefferie. Plusieurs de ces résolutions tranchent par leur fermeté. Ainsi, une de celles-ci exhorte le Parti libéral du Canada à s'autoréglementer pour que 52% de ses députés élus soient des femmes d'ici trois élections.
Pour arriver à cette parité dans les résultats, la commission des femmes du PLC-Q - qui pilote la résolution - suggère qu'un minimum de 35% des 308 candidats libéraux soient en fait des candidates si les prochaines élections ont lieu d'ici deux ans et que ce pourcentage soit porté à au moins 50% si les élections ont lieu d'ici trois ou quatre ans. Elle réclame que les candidates soient aussi présentes dans des circonscriptions dites "girouettes et prenables" par les libéraux.
Autre proposition ambitieuse, l'aile québécoise suggère d'obliger les électeurs à exercer leur droit de vote lors des élections fédérales, question de freiner la diminution constante du taux de participation. Plus précisément, les auteurs voudraient que le Parti libéral, une fois revenu au pouvoir, demande à Élections Canada d'entreprendre une étude sur le sujet puis rédige un projet de loi qui serait soumis à un vote libre au parlement.
Les libéraux fédéraux du Québec proposent aussi que le droit à un "environnement sain et durable" soit enchâssé dans la Charte canadienne des droits de la personne.
Ces résolutions sont le fruit de consultations auprès des militants du Québec par le Groupe de travail pour une vision libérale renouvelée, mis sur pied dans la foulée de la dégelée servie au PLC par les électeurs au Québec. Il est codirigé par le sénateur Serge Joyal, l'astronaute et candidat défait Marc Garneau ainsi que Marie Tremblay, représentante de l'est du Québec au sein de l'exécutif du parti.
Ce n'est donc pas un hasard si deux des résolutions proposées visent particulièrement à gagner le coeur des Québécois. La première demande que le PLC reconnaisse enfin l'existence d'un déséquilibre fiscal et mette sur pied un groupe de travail sur la question. Jusqu'à présent, le PLC s'y est toujours opposé. Certains des candidats à la direction du PLC, dont Stéphane Dion, n'adhèrent toujours pas à cette thèse.
La seconde résolution demande au parti de reconnaître "la nation québécoise" et lui enjoint de prendre les "moyens nécessaires" pour "officialiser" cette reconnaissance. La résolution n'en précise pas la
portée. Le gouvernement libéral fédéral, sous la direction de Jean Chrétien, avait en 1995 fait adopter une motion à la Chambre des communes reconnaissant le Québec comme une "société distincte". Cette motion avait été adoptée malgré l'opposition du Bloc québécois et du Reform Party.
Les militants québécois débattront de toutes ces résolutions dans 10 jours et en désigneront cinq comme étant prioritaires, ce qui les amènera jusque sur le plancher du congrès à la chefferie, fin novembre à Montréal.
Hélène Buzzetti, Le Devoir, 12.10.2006
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